Dans chaque mosquée, à l’heure de la prière, résonne l’appel à la prière mélodieux du muezzin. Mais qui est cet homme qui rythme le quotidien des musulmans ? Derrière cette voix se cache en réalité une fonction très réglementée, assortie de nombreuses récompenses.

Le muezzin, qu’est-ce que c’est ?

Appelé en arabe “mu’adhdhin“, le muezzin est la personne chargée d’effectuer l’appel à la prière, nommé “adhan” ou “annonce” en français. Cinq fois par jour, lorsque l’heure de la prière approche, le muezzin se poste face à La Mecque et entonne l’adhan pour avertir les fidèles. Sa voix porte dans toute la mosquée et aux alentours.

L’adhan comporte des paroles spécifiques, répétées avec mélodie : “Allah est le plus grand. J’atteste qu’il n’y a de divinité digne d’adoration qu’Allah. J’atteste que Muhammad est le Messager d’Allah…”. Seule exception : à la prière du fajr, le muezzin ajoute “La prière est meilleure que le sommeil”. Un rappel doux mais ferme que le moment est venu de prier !

Des conditions et des récompenses à la hauteur de la tâche du muezzin

Si la voix suave facilite le rôle, être muezzin exige surtout un sens aigu des responsabilités. Ce messager veille en effet à réveiller et rassembler les musulmans pour leur devoir sacré de prière. Aussi, de nombreuses Sounnan soulignent les rétributions réservées au muezzin.

Par exemple, celui-ci bénéficierait au jour du Jugement d’un “cou particulièrement long” pour avoir tant de fois proclamé la gloire d’Allah. Surtout, 12 années passées à appeler à la prière lui assureraient d’office… le Paradis ! De quoi encourager les vocations.

Le rêve prémonitoire qui changera l’appel à la prière

À l’origine, avant que l’appel à la prière ne soit institué, le prophète avait ordonné à ses compagnons d’utiliser des cloches pour rassembler les gens à la salat. Puis, Abdallah Ibn Zayd eut une vision onirique au cours de laquelle un homme lui enseigna la formule que nous connaissons tous aujourd’hui. Dans ce même rêve, la formule de l'”iqâma” lui fut également transmise. Il s’agit d’un second appel lancé au moment où l’imam fait son entrée pour diriger la prière. Plus tard, Omar Al Farouq a reconnu avoir fait le même rêve 20 jours auparavant.

Les conditions de validité de l’adhan

L’adhan, ou appel à la prière en islam, doit respecter certaines conditions pour être considéré comme valide selon la législation islamique. Tout d’abord, il doit intervenir au bon moment, c’est-à-dire aux heures prescrites des cinq prières quotidiennes, un des cinq piliers de l’islam, afin d’indiquer leur imminence. Ensuite, le muezzin doit prononcer les paroles exactes prescrites par le prophète Muhammad dans le bon ordre, sans les décaler, les précéder ou les inverser. Ces paroles, apprises par le compagnon Abou Mahdoura, font l’objet d’un enseignement codifié. 

De plus, le muezzin doit les articuler correctement et distinctement. Enfin, dernière condition essentielle : l’adhan doit impérativement être réalisé par un musulman, condition sine qua none pour que cet appel rituel soit légitime. Si l’adhan remplit l’ensemble de ces conditions, alors on le considère comme valide et conforme aux exigences de la charia. En revanche, les ablutions ne font pas partie des conditions pour faire le adhan. En effet, le muezzin peut faire l’appel à la prière, même en état d’impureté.

Bilal, figure emblématique de la fonction de muezzin

Impossible d’évoquer cette fonction sans citer Bilal Ibn Rabah, radiAllahou ‘anhu. Choisi par le prophète pour sa voix mélodieuse, ce fidèle compagnon a l’honneur d’être le tout premier muezzin de l’Histoire

Ancien esclave abyssinien, sa foi inébranlable et sa grande piété en firent le candidat idéal. Lorsque Mohammed lui demanda quelle était sa meilleure action en tant que musulman, Bilal répondit avec humilité : “Espérant la récompense d’Allah, je n’ai rien accompli de meilleur que de prier autant qu’Allah le veuille“.

Une réponse à l’image de l’homme : discret mais dévoué. Un modèle pour tous les muezzins successeurs. Car 14 siècles plus tard, ce serviteur de l’islam continue d’inspirer le dévouement à la prière et au Créateur.